On détecte sous la Révolution française de 1789, dans le petit village de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (qui deviendra Joinville-le-Pont en 1831) les prémices d’une opinion républicaine, en opposition au conservatisme royaliste, notamment avec Charles-Laurent Parvy, maire en 1793 et franc-maçon. Sous la révolution de 1848, un club de commerçants est suspecté par les autorités de complicité avec les insurgés ouvriers du mois de juin.
Mais c’est après le désastre de la guerre de 1870-1871, qui vit une grande bataille meurtrière sur le sol de Polangis et la destruction du pont puis une occupation allemande de plusieurs mois, que naît une véritable sensibilité politique de gauche à Joinville. Plusieurs Joinvillais se solidarisent avec les anciens communards, qui avaient tenté de créer une société égalitaire à Paris jusqu’à leur écrasement en mai 1871. Ils s’allient d’abord avec des républicains modérés, avant de se revendiquer du radical-socialisme, une tendance qui s’affermit jusqu’au tournant du siècle.
On les retrouve surtout sur le terrain de la lutte anticléricale, mais ils sont aussi à l’origine de coopératives d’approvisionnement ou impliqués dans le soutien aux femmes élevant seules des enfants. Le député Jules Ferdinand Baulard, le journaliste Henry Vaudémont ou l’artisan puis hôtelier Alphonse Demeestère sont les figures de proue de ce mouvement, revendiquant d’ailleurs leur adhésion au socialisme pour les deux derniers.
Au cours des années 1890, un premier groupe socialiste-révolutionnaire, selon la terminologie de l’époque, voit le jour. Souvent alliés aux radicaux, ils sont solidaires de grèves conduites dans les usines métallurgiques de la société du Bi-Métal et prennent le relais des radicaux pour le soutien aux coopératives.
Après plusieurs candidatures infructueuses, la gauche s’est renforcée après la naissance, en 1905, du parti socialiste SFIO. Ses relations avec les radicaux, qui évoluent vers des positions moins progressistes, se tendent. En 1912, une alliance des socialistes avec des dissidents radicaux, mais aussi des conservateurs et des libéraux, renverse la municipalité radicale-socialiste et sept SFIO figurent parmi les 23 élus, dont Émile Lebègue et Henri Lacroix.
Après-guerre, le climat politique va vers une évolution plus politique. La gauche disparait du conseil municipal en 1919 et de divise. Le ralliement en 1920 au nouveau parti communiste de tous les adhérents de l’ancienne SFIO sera suivi, en 1923, de la renaissance d’une formation sociale-démocrate qui va s’allier dans le Cartel des gauches avec les radicaux. Ils emportent, en 1929, la municipalité et Georges Briolay (radical-socialiste) est le premier maire élu par une majorité de gauche. Gérant avec difficulté l’aide aux chômeurs, lançant un Office municipal pour les habitations à bon marché et investissant dans les écoles, l’alliance s’avère cependant fragile. Elle éclate avec le retrait de la SFIO, qui se rapproche, en 1935, du parti communiste tandis que se prépare le Front populaire. Mais les nouveaux alliés échouent dans une triangulaire qui voit la droite conservatrice l’emporter, laissant radicaux d’un côté et socialistes et communistes de l’autre à la porte du pouvoir communal.
Pendant la seconde guerre mondiale, la municipalité conservatrice est maintenue par le pouvoir de Vichy, ce qui vaut un bref séjour en prison au maire et à ses adjoints. Le comité local de libération prend d’assaut l’hôtel-de-ville le 25 août 1944 et Robert Deloche (PCF) devient maire, dans une alliance faisant une large place aux radicaux, avec une participation limitée de socialistes SFIO. Deloche exerce la fonction de maire jusqu’en 1953, quand le parti communiste l’exclut et qu’il cède éphémèrement la place à Amélie Trayaud, seule femme maire de Joinville et communiste également, mais qui ne reste en poste que deux mois.
Les rivalités internes au sein des communistes sonnent le glas de la gauche communale pour un quart de siècle. Il faut attendre 1977 et l’élection de Guy Gibout, communiste lui aussi, pour retrouver des élus de gauche au sein du conseil municipale. Réélu lors d’une élection partielle en 1978, Gibout avait conforté son alliance avec les socialistes, les radicaux de gauche et le PSU. Mais il est emporté par le retour d’une droite, alors conduite par Pierre Aubry, en 1983. Depuis, la gauche est minoritaire mais représentée au sein de l’assemblée communale par trois à sept élus, partageant le rôle d’opposant avec des groupes de droite et surtout les écologistes, dont l’influence n’a cessé de progresser.