Le 4 décembre 2020, le président de la République, Emmanuel Macron, a souhaité qu’une liste de personnes issues des Outre-Mer, des anciennes colonies ou de l’immigration soit rendue publique afin d’aider notamment les maires à renouveler les noms des rues ou des bâtiments publics et qu’une plus juste représentation de l’histoire française soit visible dans l’espace public. Un comité scientifique dirigé par l’historien Pascal Blanchard a établi une liste de 318 noms, diffusée le 10 mars 2021.
On y trouve des acteurs et chanteurs, comme Coluche, Dalida, Serge Gainsbourg, Charles Aznavour, Lino Ventura ou Salvador, des artistes tels Pablo Picasso, Victor Vasarely, Salvador Dali ou Juan Miro, des sportifs, à l’image de Raymond Kopa, Larbi Ben Barek, Raoul Diagne ou Pape Diouf, des écrivains dont Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor ou Blaise Cendrars.
Aimé Césaire a déjà donné son nom à une allée interne au parc du Parangon à Joinville.
Mais parmi les « héros issus de la diversité » cités dans le rapport, il y en a au moins un qui est lié à Joinville-le-Pont : Mohamed Lakhdar-Toumi
Il est né le 12 avril 1914 à Tiaret (département d’Oran) en Algérie. Il milite aux Jeunesses communistes (JC). Il s’installe à Paris en 1936 et habite 11, rue Joseph de Maistre. Rectificateur de profession, il est inscrit au syndicat des métaux en 1937 et reste militant des JC. Fin 1940, il se rapproche de deux membres du PCF et en juin 1941, il intègre l’organisation spéciale du Parti chargée d’organiser des sabotages contre l’occupant. L’usine Lavalette de Saint-Ouen où il est ouvrier consacre la majorité de sa production à l’Allemagne nazie. Avec deux de ses collègues, il en détruit le transformateur. Pour éviter les représailles, il entre dans la clandestinité, puis intègre les Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de Paris rive droite. Le 1er août 1942, il participe au service d’ordre de la « manifestation patriotique » de la rue Daguerre.
Le 30 janvier 1943, Mohamed Lakhdar-Toumi est arrêté par la Gestapo à Joinville-le-Pont, torturé, emprisonné à Fresnes, avant d’être mais déporté, le 12 juillet de la même année, au camp de concentration de Natzweiller-Struthof (aujourd’hui en Alsace, mais alors annexé au Reich). Envoyé à Dachau, le 5 septembre 1944, il en sera l’un des rares rescapés.
À la Libération, on lui octroie le statut de sergent des Forces françaises de l’intérieur. Il repart en Algérie et participe au soulèvement du 1er novembre 1954. Arrêté par les militaires, il sera interné jusqu’en 1961. Dans l’Algérie indépendante, il devient syndicaliste au sein de l’Union générale des travailleurs algériens.
Mohamed Lakhdar-Toumi serait décédé en Algérie le 30 août 1987, à l’âge de 73 ans.