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Joinville-le-Pont au jour le jour

Joinville-le-Pont au jour le jour

La vie locale sur les bords de Marne


Un témoignage sur la manifestation du 5 avril 2008 à Joinville

Publié par Benoit Willot sur 8 Avril 2008, 17:52pm

Catégories : #sans papiers

Une « manifestation » à laquelle aucune organisation n’avait appelé a parcouru les rues de Joinville-le-Pont samedi 5 avril dans la soirée. Alerté par les slogans, je me suis porté au devant des manifestants, leur demandant d’arrêter les actes de dégradations. La police est arrivée quelques minutes plus tard… après leur départ.

Voici un témoignage (anonyme) publié sur le site Indymédia Grenoble  sous le titre « Récit du 5 avril, journée de solidarité avec les sans-papiers ». Il commence par la manifestation parisienne du même jour, puis explique ce qui s’est passé à Joinville, du point de vue d’un participant.

« Il était alors entre 17h et 18h, la dispersion était réelle pour la plupart des manifestants, mais certains d'entre eux se dirigeaient en groupe vers le métro puis le RER, direction le centre de rétention (CRA) de Vincennes. Métro gratuit pour tout le monde, dans les couloirs du métro, de nombreuses pubs sont détournées, ou simplement arrachées. Idem dans les rames du métro. Détruisons les centres de rétention.

« Environ 200 personnes se retrouvent devant le CRA, l'ambiance est assez dynamique mais les flics sont disposés de telle façon qu'il est difficile de s'approcher du CRA sans prendre le risque de se faire encercler. Des slogans sont gueulés, les manifestants aperçoivent au loin des sans-papiers enfermés derrière les murs du CRA. Les derniers fumigènes sont allumés. Au bout de quelques dizaines de minutes, le groupe commence à se sentir impuissant et malgré l'arrivée d'une centaine d'autres personnes, la décision est prise de rebrousser chemin... Sur les 300 personnes, il n'y a quasiment que des "autonomes", comme on dit (au sens large, mais en tout cas, les orgas sont absentes - les collectifs de sans-papiers aussi, mais vu le quadrillage policier autour du CRA, ça se comprend). Il est 18h passées depuis un moment, certains se dirigent vers le RER et finissent là leur journée de manif, mais environ 150 à 200 personnes partent en manif sauvage !

« Au départ, la manif a un petit côté "promenade", et je réalise que ceux qui se trouvent devant ont l'excellente idée de nous mener vers l'endroit où Baba Traoré est mort la veille, poursuivi par des flics de la BAC. En traversant le pont, l'émotion est à son comble, la circulation est bloquée, des slogans hostiles à la police sont criés, des tags inscrits à la bombe de peinture sur le pont et ailleurs (contre la police, les centres de rétention et les prisons, et quelques "Guerre sociale" bien placés). La manif se dirige un peu au hasard dans Joinville-le-Pont, que pas grand monde ne semble connaître. On croise des jeunes qui nous indiquent le commissariat de police municipale, tout près, tout le monde y va et là, ça gueule des "à Joinville, la police assassine" (ailleurs aussi, mais bon, ici les noyades en fuyant la police semblent presque habituelles... sur ces dernières années, c'est déjà la troisième fois que ça arrive). Tandis que quelques personnes s'attaquent aux panneaux de pub aux alentours (en enlevant les affiches ou en brisant les panneaux), d'autres s'attaquent au commissariat, cassant quelques fenêtres, et à une voiture de police dont le pare-brise arrière est éclaté. Un peu plus tard, car tout ceci se passe assez paisiblement, trois flics municipaux se pointent au loin, visiblement assez effrayés. L'un d'entre eux sort un sifflet... et siffle ! Puis, voyant que tout le monde s'en fout, et que quelques projectiles arrivent sur eux, ils se cassent. Après un moment d'hésitation sur la direction à prendre, la manif repart en arrière et re-traverse le pont en re-bloquant la circulation. Sur le chemin, tous les panneaux de pub sont brisés et d'autres tags effectués. De quoi agacer le maire local...

« La police n'a pas encore réussi à "rejoindre" la manif sauvage, qui se termine à l'entrée de la station RER de Joinville-le-Pont (celle où Baba Traoré a été contrôlé la veille, celle où tout le monde descend les jours de manif contre le centre de rétention, situé à quelques centaines de mètres de là). Sur le quai, en attendant le RER, les pubs sont arrachées, taguées, les caméras de vidéosurveillance recouvertes de bombe de peinture noire. Quelques minutes après, la police arrive en force, casques-boucliers-matraques, mais reste en bas de l'escalator et sur le quai d'en face. La tension monte un peu, mais les flics ne font pas les malins non plus. On est au moins 100 sur le quai. Quand le RER arrive, le GPSR (milice de la RATP) descend du RER, tandis que tout le monde monte... On s'est senti bien "libres" pendant cette manif sauvage, mais personne n'a eu le temps d'oublier que nous vivons dans un monde sécuritaire de flics et de vigiles. »

 

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Q
B. Willot tel un chevalier blanc tentant d'arrêter à lui seul les manifestants dégradant le bien public...Et au delà ? J'y étais aussi mais je ne vous ai pas vu devant ce qu'il faut appeler un groupuscule trés énervé. Vous livrez par ailleurs un témoignage anonyme trés dérangeant sans écrire un mot sur votre position poltique à son égard. Qui ne dit mot consent.La manifestation dérape. L'indignation fait place à la colère. La tristesse à la révolte. Les policiers municipaux sont pris à parti et raillés. Les biens publics sont vandalisés. Conclusion du témoin : quel sentiment de liberté dans un pays de flics ! Je suis le premier à dénoncer les exactions policières et le tout sécuritaire. Pour autant je suis un démocrate et l'attitude des casseurs samedi soir est inacceptable.
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B
<br /> Le témoignage est le seul élément public expliquant cette manifestation imprévue et de fait non-encadrée; il est important de comprendre ce qui s'est passé. Bien évidemment, je désapprouve<br /> totalement les dégradations - mais je l'ai déjà dit et écrit.<br /> <br /> J'étais présent au RER de Joinville, à la fin de la manifestation.<br /> <br /> <br />

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