Près de deux cents personnes se sont rassemblées samedi 12 avril 2008 à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) en hommage à Baba Traoré, le Malien qui s'est noyé le 4 avril dans la Marne. C’est la troisième manifestation à Joinville en huit jours après celles du 5 et du 6 avril.
La manifestation, qui était à l'appel du « 9ème collectif de sans-papiers » avait également pour objet de dénoncer les centres de rétention. Partie du RER de Joinville, la manifestation s’est rendue en bords de Marne. Elle devait ensuite se rendre au centre de rétention de Vincennes, situé en fait sur la commune de Paris, dans le Bois de Vincennes. Mais la police lui a interdit d’approcher.
Les manifestants étaient rangés derrière une banderole où était écrit « Chunlan Liu, John Maïna, Baba Traoré, assez de morts, régularisez maintenant ». Ils ont observé une minute de silence et ont déposé quelques fleurs. Parmi les manifestants, si les membres du collectif de sans-papiers étaient les plus nombreux, on notait la présence de représentants du réseau éducation sans frontières de Joinville-le-Pont. La manifestation s'est déroulée dans le plus grand calme.
Nagnouma Koné, sœur de Baba Traoré, présente dans le défilé, a exprimé son « incompréhension » des circonstances de la mort de son frère, accusant de « non assistance à personne en danger » les policiers qui avaient tenté de le contrôler. « On aurait pu sauver Baba, les policiers pouvaient se jeter à l'eau, on n'a pas voulu sauver Baba, qui ne savait pas nager et avait peur de l'eau », a-t-elle affirmé. Plusieurs témoins oculaires m’ont également fait part de leur étonnement de la passivité des policiers sur place.
L'autopsie, effectuée lundi, a conclu à un « décès par noyade » à la suite d'un choc thermique, avec une eau à 6 degrés. Le jeune homme était venu en France en 2004 pour donner un rein à une de ses sœurs. En situation régulière jusqu'en cours d'année 2007, Baba Traoré était depuis janvier sous le coup d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière délivré par le préfet de Seine-Saint-Denis (il résidait à Neuilly-Plaisance).
« La chasse à l'étranger a pour conséquence des drames humains et ça risque de continuer si Sarkozy va dans le même sens, la régularisation est la seule solution juste et humaine », a déclaré à l’AFP Bahija Benkouka, coordinatrice du « 9ème collectif de sans-papiers » .