Voici mon intervention au cours du conseil municipal du 14 avril 2008 sur le projet de budget 2008 pour Joinville-le-Pont :
Le débat budgétaire pour 2008 se situe dans un délai très court après l’élection municipale. Je sais donc qu’il est complexe à une équipe partiellement nouvelle de prendre toutes ses marques et de préparer concrètement un tel document.
Cependant, je tiens à faire des remarques de forme avant d’en venir au fond du débat :
- Aucun débat d'orientation budgétaire n’a été organisé. J’ai déjà, par deux fois, exprimé en commission mes plus expresses réserves sur la légalité de la procédure ;
- Aucune information comparative, aucune mise en perspective, aucune explication sur les choix d’investissement ou de gestion n’est fournie avec les documents budgétaires. Sur bien des points, les éléments dont nous disposons sont lacunaires et parfois incompréhensibles ;
- Pour préparer ce vote, les membres de la commission chargée du budget n’ont pas eu connaissance de l’ensemble du dossier avant la réunion ;
- Enfin, des informations fausses ont été données au cours de la commission des finances sur un sujet précis, les subventions aux associations.
Je suis donc obligé de constater que la préparation de ce budget s’est faite dans des conditions qui s’éloignent fortement de l’objectif de transparence pourtant affiché.
La question des subventions aux associations est un exemple du problème auquel nous faisons face. Une commission avait étudié les demandes des associations le 23 janvier 2008 et avait établi des propositions qui se chiffrent à 344 802 euros ; le budget qu’on nous propose se monte, pour sa part à 456 265 euros. Or, quand j’ai demandé ce qu’il en était des subventions aux associations lors de la commission du budget, il m’a été répondu que les propositions étaient celles retenues en janvier…
En particulier, on voit apparaître une somme de 100 193 euros en faveur d’une association dans la ligne consacrée aux crèches alors qu'aucun projet n’a jamais été présenté aux élus.
Sur le fond du budget, je voudrais exprimer mon inquiétude face à ce qui apparaît comme une dérive dangereuse des finances communales.
Les dépenses de fonctionnement augmentent au rythme considérable de 7,6% soit cinq fois plus que l’inflation mesurée en 2007 par l’Insee (1,5%). Par contre, la hausse des recettes se limite à +4,2%. Ce qui veut dire que ce que la ville encaisse augmente bien moins vite que ce qu’elle dépense.
La conséquence est immédiate : la capacité d’autofinancement diminue de 16% d’une année sur l’autre. C’est à dire que les moyens dont Joinville dispose pour investir, déjà très faibles, sont encore réduits et que, même sans aucun équipement nouveau, l’endettement de la ville va s’accroître.
Joinville a des dépenses réelles de fonctionnement de moitié supérieures aux communes françaises de même taille (1 455 euros par habitant au lieu de 998). Elle s’équipe beaucoup moins puisque sur un euro de recette, elle consacre 18 centimes à ses investissements quand la moyenne est de 23 centimes.
L’absence d’investissement est frappant, et risque de toucher des projets pourtant nécessaires et urgents : l’aménagement des berges de l’île Fanac, la reconfiguration de la place des Canadiens, l’agrandissement de l’école maternelle de Polangis… Aucun de ces projets n’est financé par le présent budget.
Présenté comme « conservatoire », le budget s’avère à la fois préparé dans des conditions anormales, comportant des décisions tout à fait critiquables. Regrettable pour le présent, il est surtout très dangereux pour l’avenir.