Catherine Coroller, qui signe un article dans le quotidien Libération (18/04/2008), estime que « Baba Traoré [est] en passe de devenir un symbole ». Elle relève que plusieurs associations contestent la version officielle du décès du sans-papiers malien le vendredi 4 avril à Joinville-le-Pont.
Elle rapporte également les déclarations, que je connais, d’un riverain qui s’étonne de la tardiveté de l’intervention policière. Voici des extraits de son papier :
« Plusieurs associations dont Gener’Actions unies et l’Alliance nord citoyenne (ANC) préparent des actions «pour demander justice et vérité», explique Mam, un de leurs animateurs. Pour lui, beaucoup de questions restent sans réponses sur les circonstances de la mort de ce sans-papiers. Selon la version officielle, Baba Traoré a fait l’objet d’un contrôle des titre de transport à la gare de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne). Il a présenté sa carte Navigo sans document d’identité, et a pris la fuite lorsque les policiers ont voulu vérifier son identité dans leur fichier. Les agents l’ont alors poursuivi sur environ 400 mètres avant qu’il ne se jette depuis une passerelle dans la Marne. Il est mort d’un choc cardiaque.
« Pour Mam, cette version présente des lacunes. «Baba Traoré ne savait pas nager, il avait peur de l’eau, alors sa famille ne croit pas qu’il se soit jeté à l’eau par peur.» Mam rappelle également que, selon un habitant de Joinville ayant assisté à la scène depuis son balcon, la police «aurait laissé Baba patauger dans l’eau pendant au moins cinq-six minutes».
« Pour l’heure, le corps de Baba Traoré est toujours à l’Institut médico-légal. Il sera enterré au Mali. Ensuite, les associations qui défendent sa mémoire tenteront de lever le voile sur les conditions de son décès. »
La journaliste précise que, selon la préfecture de Seine Saint Denis, Baba Traoré « n’était pas sous le coup d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière, ni d’une obligation de quitter le territoire français. »