Le 13 octobre 1944, une « délégation spéciale » est mise en place officiellement pour remplacer la municipalité nommée par le régime de Vichy en 1942. Elle prend la suite du Comité local de Libération qui, avec Robert Deloche, avait occupé la mairie le 25 août 1944 et en avait chassé Léon Lesestre, élu en 1935 et maintenu en place par le régime de Vichy.
Robert Deloche (1909-1988) est un résistant et un militant communiste. Il est désigné comme président de la délégation spéciale et il fait fonction de maire. Il avait été élu en 1935 conseiller municipal (Pcf), mais avait été déchu de son mandat en 1940. Robert Deloche sera élu maire à l’issue des élections municipales de 1945, réélu en 1947 puis démissionnera peu avant le scrutin de 1953. Il a également exercé le mandat de conseiller général de la Seine. Robert Deloche a eu également d’importantes responsabilités avant-guerre auprès du parti communiste algérien.
Quatre vice-présidents font fonction d’adjoints ; ils ont tous participé aux mouvements de résistance contre l’occupation.
Henri Drevet, président du Comité local de Libération s’était engagé dans le mouvement Ceux de la Résistance, l'un des grands mouvements de la résistance intérieure française de la zone occupée pendant la Seconde Guerre mondiale, composé principalement d’officiers de réserve. Il était membre du parti radical socialiste.
André Malcouronne représente le mouvement syndical Cgt (Confédération générale du travail) à l’intérieur du Comité local de Libération. Il est élu conseiller municipal en 1945.
Léon Berthet, est socialiste, membre du Comité local de Libération. Il sera élu conseiller municipal en avril 1945. En octobre 1947, il est le seul conseiller municipal élu sur la liste qu’il conduisait au nom de la SFIO (socialiste). Il est à nouveau réélu en avril 1953.
François Decrombecque, représente l’Organisation civile et militaire (OCM) au sein du Comité local de Libération. L’OCM, fondée en décembre 1940, est une des principales organisations en zone occupée. Elle comprend notamment des industriels et des intellectuels, certains engagés politiquement à droite, d’autres étant socialistes. François Decrombecque est également membre du Comité joinvillais de la renaissance française. Élu conseiller municipal en 1929, réélu en 1935, il n’est pas maintenu dans son poste par les autorités de Vichy. Il est à nouveau élu en 1945, et réélu en 1953.
Parmi les 27 membres de la délégation spéciale, on compte une seule femme, Amélie Trayaud. Elle devient de ce fait une des toutes premières citoyennes à exercer une fonction dans une assemblée démocratique puisque qu’il faut attendre 1945 pour que les femmes acquièrent le droit de vote. Résistante, communiste, conductrice de tramways avant-guerre, Amélie Trayaud représente le Front national au sein du Comité local de Libération et l’Union des femmes françaises dans le Comité joinvillais de la renaissance française. Le Front national de l'indépendance de la France est une organisation de la Résistance française, qui s’appuie largement sur le parti communiste (Pcf).
Amélie Trayaud sera brièvement maire de Joinville début 1953, après la démission de Robert Deloche. Elle est ensuite réélue conseillère municipale en 1953.
Robert Deloche, ancien maire de Joinville-le-Pont (photographié en 1977)