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Joinville-le-Pont au jour le jour

Joinville-le-Pont au jour le jour

La vie locale sur les bords de Marne


Bi-Métal : revolvers et prison

Publié par Benoit Willot sur 13 Août 2011, 23:02pm

Catégories : #histoire

Les affrontements liés à la grève de l’usine Bi-Métal de Joinville-le-Pont, entre janvier et avril 1910, amènent de nombreux incidents, parfois violents entre grévistes et non-grévistes, policiers, gendarmes voire l’armée, qui se déploie également aux abords des ateliers qui produisaient des fils téléphoniques.

Le 18 mars, une dizaine d’ouvriers grévistes sont interpellés ; six d’autres le seront le 27 du même mois, après des jets de pierres ; il y en aura encore sept le 12 avril, dont le secrétaire l’Union Cgt des métaux de la Seine, Gaspard Ingweiller, accusé de port d’arme prohibée (un revolver).

Le 18 avril, l’usine rouvre après pratiquement trois mois d’arrêt, et la plupart des ouvriers reprennent le travail. Les incidents autour de Bi-Métal ne cessent pas pour autant.

Le 2 mai, deux plâtriers âgés de 27 ans, Henri Abalan et Louis Fuzellier, demeurant à Montreuil vinrent, armés eux aussi, pour protester contre l'arrestation d'Ingweiller. Ils tirèrent plusieurs coups de revolver devant l'usine du Bi-Métal ; ils furent arrêtés.

Le 5 mai, un important meeting est organisée dans la vaste salle de la coopérative de Gravelle à Saint-Maurice, fondée en 1901 et devenue un haut lieu du mouvement ouvrier local. Il est présidé par Georges Yvetot, secrétaire général adjoint de la Cgt (1868-1942). Les orateurs exigent, avec vigueur, la libération du syndicaliste emprisonné. Une manifestation d’un millier de personnes se dirige vers Joinville à la fin du meeting, mais un important service d'ordre les en empêche, et la protestation se termine « après quelques bagarres sans importance » selon le quotidien Le Petit parisien. Le quotidien Le Matin a compté pour sa part 300 personnes.

L’épilogue judiciaire aura lieu le 29 juillet. La 9e chambre correctionnelle de la Seine condamne huit grévistes poursuivis pour entraves à la liberté du travail avec violence, à des peines variant de quinze jours de prison avec sursis à un mois de prison sans sursis. Gaspard Ingweiller, en tant que dirigeant de la grève, est condamné à six mois fermes.

Parmi les avocats des grévistes, on comptait le petit-fils de Karl Marx, Jean Longuet (1876-1938), député socialiste de la Seine (Sceaux, Villejuif).

(à suivre)

Ø      Pour en savoir plus : Le Matin et Le Petit parisien, avril, mai et juillet 1910.


 1910_Bi-metal_atelier7.jpg Un atelier de l’usine Bi-Métal (source : BNF)

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