Vincent Charlot, analyste réputé des résultats électoraux et membre du conseil fédéral du parti socialiste, publie Quelques commentaires sur les régionales dans le 94 sur le site des amis de François Hollande (Cohérence et espoir).
Les « quelques commentaires » en question, datés du 2 mai 2010, sont en fait une longue étude, fort bien étayée sur les résultats des élections régionales de 2010 dans le Val de Marne comparées à celles de 2004.
Je me contente de reprendre ici quelques morceaux particulièrement significatifs de ce papier, et notamment ce qui concerne Joinville-le-Pont. Mais l’ensemble du document vaut la lecture pour les férus de politique.
La première remarque porte sur l’augmentation du corps électoral (+9%) entre 2004 et 2010 (689.565) et 2010 (757.712). Mais la différence la plus grande entre les deux élections est le taux de participation : 42,9% au premier tour en 2010, 17,1% de moins qu’en 2004 (60,0%). Le léger sursaut entre les deux tours est moindre cette année (+ 3,2%) qu’il y a trois ans (+3,9%). Un examen précis montre « qu’autant l’électorat de gauche que de droite s’est abstenu. »
L’extrême-gauche, malgré une stagnation, réalise un résultat assez élevé à Orly (10,1%), peut être du fait – selon moi – d’une forte confusion à gauche dans les précédents scrutins.
Le Front de gauche, alliance du Pcf et du Parti de gauche fait un tout petit peu mieux que la liste ouverte du Pcf en 2004 (10,8 contre 10,4%). Le Front de gauche se trouve en deçà de 5% dans 13 des 47 communes du département.
En 2004, la liste Ps-Verts obtenait 31,5%. Cette fois-ci, avec deux listes séparées, les mêmes forces recueillent 41,6%, augmentant leur potentiel de 5.000 voix malgré la diminution des suffrages.
Europe écologie a des résultats particulièrement remarquables dans les villes situées en bordure de Paris, quelle que soit la tendance politique de la municipalité (Arcueil, Vincennes, Gentilly, Cachan, Saint Mandé). Dans le sud-ouest du département, les résultats sont plus contrastés, y compris à Villeneuve Saint Georges dont Cécile Duflot est élue.
L’ensemble de la gauche en 2004 totalisait au premier tour 185.774 voix et 46,3%. En 2010, cet ensemble atteint 180.347 voix et 57,0%, soit une perte de 5.427 voix, mais une progression de… 10,7%. C’est dans des villes exclusivement de gauche que l’augmentation des voix de gauche est la plus notoire.
Alors qu’en 2004, il y avait deux forces principales à droite (Udf et Ump) avec respectivement 15,0% et 22,2%, en 2010, l’Ump se retrouve seule à 24,2%, mais entourée de deux petits groupes très critiques à son encontre : le MoDem à 4,0% et deux listes de « droite dure » à 4,4%. Le résultat final est une droite républicaine à 32,7% en 2010 au lieu de 38,2% en 2004. Pour l’anecdote, un village (Santeny) est le seul à voter en pourcentage plus pour la droite en 2010 qu’en 2004. La droite républicaine en résiste mieux dans les communes les plus éloignées de Paris, notamment sur le plateau Briard.
Le Front national n’a récupéré qu’une faible partie de l’électorat qu’il a perdu après 2002. En 2004, l’extrême droite atteignait encore 51.631 voix et 12,9%. En 2010, le FN rassemble 28.557 voix et 9,1%. Toutes les communes où l’extrême-droite obtient ses meilleurs résultats se trouvent dans le sud du département, avec une exception : Maisons-Alfort.
Au second tour, la gauche rassemble 203.720 voix et 61,2% contre 180.347 voix et 57,0% une semaine auparavant. La droite passe de 132.104 voix et 41,7% à 129.143 voix et 38,8%. Le report des voix des listes de gauche semble avoir été presque parfait et par ailleurs, un grand nombre des 24.307 nouveaux électeurs semblent avoir voté à gauche. Par contre à droite, on enregistre une perte assez faible des voix qui s’étaient portées sur les listes divers droite du premier tour.
Le score obtenu par la gauche au deuxième tour est assez exceptionnel, puisque 10 communes dépassent les 70% (toutes de gauche), 14 communes sont entre 60 et 70% dont deux de droite (Villeneuve-le-Roi et Villiers). Toutes les villes de gauche dépassent les 55% et seules 9 communes de droite donnent la majorité à la droite au deuxième tour.
En 2010, la liste de Pierre Laurent (Pcf) dépasse la liste Jean-Paul Huchon (Ps) dans 4 municipalités sur les 12 à direction communiste (Valenton, Bonneuil, Ivry et Champigny).
Le maire d’Arcueil, Daniel Breuiller, ancien communiste, a fait le choix d’Europe écologie, devenant le seul maire de cette formation dans le département. Dans sa commune cependant, comme dans toutes les autres, la liste Huchon dépasse celle de Cécile Duflot (Verts). Mais cette dernière obtient là, avec 22,2%, son meilleur résultat du département.
Dans 4 villes, la droite se contente, au second tour, de faire entre 40% et 45% : Joinville, Rungis, Villiers et Villeneuve-le-Roi. Pour Vincent Charlot « il paraît tout à fait logique de concentrer un effort tout à fait important sur ces dernières pour les faire tomber dès les prochaines cantonales et municipales. »
Il remarque cependant que si le « Ps et Europe écologie peuvent légitiment nourrir des espoirs fondés de conquête de cantons et de municipalités », « c’est relativement impossible si les deux forces partent séparées et sans accords. »
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