La Commune de Paris, insurrection populaire, démarre il y a 140 ans, le 18 mars pour s’achever le 28 mai 1871 par la Semaine sanglante. Elle a d’importantes conséquences à Joinville-le-Pont.
En juillet 1870, Napoléon III attaque imprudemment la Prusse. Il est battu, la République est proclamée le 4 septembre. Mais, avant la conclusion de l’armistice avec les allemands en novembre et décembre 1870, Paris est assiégé, une grande bataille se déroulant dans les plaines de Joinville et sur le plateau de Champigny.
Après l’arrêt des combats, en février 1871, une assemblée constituante est élue, les deux tiers des députés étant des monarchistes de diverses tendances ou des bonapartistes – pour la plupart élus des provinces, tandis que la capitale envoie des républicains au Parlement.
Le 17 mars, le gouvernement conservateur de Thiers (basé à Versailles) veut récupérer les canons que les parisiens ont entreposés, depuis le siège de la capitale, sur la butte Montmartre. Les émeutiers protestent, chassent les soldats puis se dotent d’un gouvernement révolutionnaire.
Les combats franco-prussiens (30 novembre - 3 décembre 1870) avaient provoqué d’importants dégâts à Joinville. Le pont était détruit, pour empêcher les allemands de franchir la Marne. Les quelques 2 000 habitants que comptait la petite ville, vivant presque tous alors rive droite, dans l’actuel centre-ville, sont tous évacués vers Paris. Le conseil municipal loue un local au 105, boulevard Voltaire (XIème arrondissement), qui devient ainsi la mairie provisoire de Joinville-le-Pont.
Les Joinvillais rentrent petit à petit au cours du premier trimestre 1871. La municipalité réintègre la mairie, qui a subi d’importantes dégradations. Elle tiendra son premier conseil municipal le 1er avril 1871, après le début de l’insurrection.
Plusieurs personnes liées à Joinville joueront un rôle pendant la Commune de Paris, dont rend compte le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, de Jean Maitron.
Ainsi, Jules-Ferdinand Baulard (1827-1910), ouvrier puis entrepreneur, futur député et conseiller général de la Seine, conseiller municipal de Joinville, est délégué du 54e bataillon auprès du Comité central républicain de la garde nationale au début du mouvement, qu’il quitte rapidement.
Jules Petit (né en 1839) et courtier en vins à Paris. Lieutenant dans le 55e bataillon de marche, combat à Paris et à Ivry, avant de se réfugier le 10 mai dans sa petite propriété de Joinville-le-Pont. Il y sera arrêté, condamné à deux ans de détention par le conseil de guerre, puis libéré à mi-peine.
Henri Fréville (né en 1843) marié, père de trois enfants était un puddleur en fonte. À l'approche des Prussiens, il se réfugie dans Paris, le 15 septembre 1870, avec sa femme et deux de ses enfants et s’installe boulevard du Prince-Eugène (rebaptisé très vite boulevard Voltaire). Simple garde dans le 202e bataillon, il refuse, à la prison de la Roquette, de faire partie du peloton d'exécution des otages. Il est arrêté le 28 mai 1871 par les soldats de Versailles et condamné, le 5 janvier 1872, à la déportation. Il obtient une remise de peine en janvier 1879.
Julien Lefèvre (né en 1832) était chauffeur-mécanicien. Il servit, pendant le siège, au 98e bataillon. Il fut ensuite artificier au fort d'Ivry. Arrêté le 29 mai 1871 ; il est condamnée en décembre 1873, à un an de prison et dix ans de privation des droits civiques.
Enfin, il y a Adolphe Morandy, dont nous raconterons l’histoire plus tard.
Une voie de Joinville, dans la cité Égalité (quartier de Palissy), porte le nom de « place de la Commune. »
Le pont de Joinville, après sa destruction en 1870