La République française a élevé la fraternité au rang des valeurs fondamentales de la nation.
Petit à petit, des lois et même la constitution ont donné un cadre juridique à cette solidarité : travail, logement, santé, protection des enfants, insertion des handicapés… Mais l’application de ces règles n’est pas évidente : malgré le droit au travail, il y a des millions de chômeurs ; bien qu’un droit opposable au logement existe, des dizaines de milliers de personnes vivent dans la rue.
C’est uniquement parce que des milliers de bénévoles se mobilisent que, petit à petit, la société finit par donner un contenu concret aux déclarations de principes : tout le monde a sa place et peut vivre décemment, du moment qu’il respecte la loi.
À Joinville-le-Pont, il y a des gens qui, chaque jour, portent assistance aux personnes victimes des aléas de la vie ou d’une injustice. Des associations tentent de nourrir, de loger, de secourir ceux qui sont dans le besoin.
Cependant, le rôle de la société civile ne peut être efficace que si les collectivités font ce qui est leur devoir, non seulement moral mais même légal. Ainsi, il y a des textes qui imposent aux communes d’accueillir les sans-logis ou de prévoir un lieu de séjour pour les gens du voyage. La loi est fort modérée, prévoyant des normes minimales qui feraient, si elles étaient appliquées, que les problèmes actuels trouveraient leur solution en étant partagés par tous.
Chaque ville doit disposer d’un hébergement d’urgence pour les personnes qui se trouvent à la rue ; il devrait y avoir 17 lits à Joinville. Chaque ville doit avoir quelques places de stationnement pour les personnes qui vivent de manière nomade. À Joinville, on devrait compter six emplacements.
Mais voilà : beaucoup de municipalités font preuve de mauvaise volonté, refusant d’assumer leurs obligations. C’est le cas à Joinville-le-Pont. Le maire a fermé le seul centre d’hébergement qui soulageait quelques personnes sans domicile. Et non seulement il n’assume pas ses responsabilités d’accueil des gens du voyage, mais il prend la tête de ceux qui s’opposent à ce que d’autres collectivités, comme Paris, tentent d’assumer les leurs. Enfin, quand une association travaille à réinsérer des personnes qui ont payé leur dette envers la société, le maire cherche à la stigmatiser et l’expulser.
L’humoriste Patrick Sébastien disait qu’il existe « deux manières bien distinctes d'aimer son prochain : l'humanisme et le cannibalisme » ; en ce qui me concerne, je préfère la première même si je défends l’idée, avec la ministre de la justice, Christiane Taubira, que « l'humanisme n'exclut pas la sévérité. »
Photo Nogent Citoyen in Les Roms de Joinville veulent rester pour l’hiver (26/10/2012)