Nous avons dans l’article Joinville et la Commune de Paris sur ce site (19/03/2011) quelques noms de Joinvillais ayant pris part à l’insurrection qui emporte a capitale entre mars et mai 1871.
Adolphe Morandy est né dans l’Aisne, à Soissons en 1833. C’était un ancien garçon de bureau à l’Assistance publique, selon le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français de Jean Maitron. Il mène une vie de rapines, accumulant huit condamnations dont six pour vol avec des peines allant d’un mois de prison à cinq ans entre 1849 à 1868. La guerre contre les troupes de la Prusse et de ses alliés l’amène à combattre dans le 2e bataillon des Francs-tireurs de Paris, où il est lieutenant en 1870 ; il est remarqué pour sa bonne conduite et sa bravoure. Il se trouve à Versailles quand éclate l’insurrection le 18 mars, mais rejoint la capitale et s’engage dans les Vengeurs de Paris vers le 10 avril 1871. Le 18, il est à nouveau lieutenant, élu par les soldats de la 3e compagnie du 2e bataillon.
Après la défaite des forces insurgées, Morandy se rend volontairement le 23 juin. Il est condamné, le 27 décembre par un conseil de guerre, à vingt ans de détention. Il obtient la remise de sa peine le 24 juillet 1879.
À ce moment, il est en très mauvaise situation. À tel point que, lorsqu’il sort de prison le 2 août, on le croit mort. Il sera finalement hospitalisé à l’Hôtel-Dieu de Paris, qu’il va quitter le 13 septembre. Il habite alors Joinville, dans sa famille, 26, rue de Brétigny, mais se trouve selon Alphonse Demeestère, conseiller municipal de Joinville-le-Pont « sans ouvrage et dans un dénuement absolu. »
Il va alors se trouver – sans l’avoir voulu – au cœur d’une polémique locale à cause de l’aide que des Joinvillais, dont l’élu en question, veulent lui apporter.
Morandy évoquera dans Le Petit Parisien (19/09/1879) sa « triste position de gracié (…) qui a souffert huit longues années ». Il estimera alors ne plus avoir besoin d’aide, assurant pouvoir dorénavant « attendre le jour, très prochain, où [il va] pouvoir gagner par [son] travail de quoi vivre honorablement. »
Joinville, fin du 19e siècle