Il y a, en France, 919 parlementaires nationaux (577 députés et 342 sénateurs) dont 914 sont rattachés à des formations politiques.
Il est assez facile d’identifier les deux premières, l’Union pour un mouvement populaire (Ump) vient en tête, avec 456 élus. Le Parti socialiste la suit, avec 296 membres des assemblées. À eux deux, ils représentent donc 81%.
En troisième position figure le Parti communiste français (Pcf, 17 députés et 23 sénateurs).
Mais qui est le quatrième parti politique français en termes d’élus ? Spontanément, on hésite : les Verts ? Le Nouveau centre ? Le MoDem ? Les radicaux de gauche ?
Et bien non : avec 32 parlementaires, la formation qui suit ce trio est Fetia Api. Cette formation de Polynésie française s’était pourtant contentée en 2007 de présenter deux candidats (en l’occurrence, deux candidates) qui n’ont pas été élues. Elles ont recueilli 1 021 voix, sur les 26 023 032 suffrages exprimés lors des législatives françaises soit 0,004%. Mais Fetia Api, qui signifierait « Nouvelle étoile » en tahitien, a eu la sagacité de signer un accord avec un parti politique, le Nouveau centre. Cette formation n’avait pas présenté 50 candidats lors des élections législatives de 2007, règle nécessaire pour une formation hexagonale afin de bénéficier du financement public. Mais la règle a une exception, pour les formations implantées outre-mer. C’est ainsi que la modeste formation polynésienne se voit dotée, chaque année d’un copieux montant d’argent public (1,4 millions d’euros en 2011) grâce à « ses » parlementaires…
Un peu en-dessous, juste après le MoDem (24 élus) et le Parti radical de gauche (21), on trouve une autre formation exotique, baptisée aujourd’hui du nom passe-partout de Démocratie et République mais qui s’appelait auparavant « Metz pour tous » puisque son dirigeant, Jean-Louis Masson, sénateur (divers droite) est l’ancien maire de la commune, battu en 2008. Metz pour tous avait pris la précaution de présenter une candidate (et une seule) dans les territoires ultra-marins, bien qu’on ne voie pas bien l’intérêt qu’ils peuvent porter au devenir de la grande ville Lorraine. Et aujourd’hui, 9 députés et 4 sénateurs se disent rattachés à cette formation, ce qui lui rapportera 570 000 euros.
Quant aux Verts, ils doivent donc, avec leurs 4 députés et 5 sénateurs, se contenter de figurer en septième position.
L’existence de ces partis fantômes, sans activité ni influence, ne se justifie en fait que pour répartir de l’argent en direction d’autres formations ou tout simplement pour financer l’activité d’élus de fait indépendants. C’est un détournement, certes légal, de la loi sur le financement politique.