Ancien adjoint au maire de Champigny sur Marne (Val de Marne) et antérieurement de Colombes (Hauts de Seine), Jean-Claude Emorine, socialiste, vient de quitter ses fonctions en mai 2008, après 50 ans de vie politique, dont 37 ans de présence dans des conseils municipaux (19 à Champigny, 18 à Colombes).
Jean-Claude Emorine a mené une carrière professionnelle riche, assumant à la fin de sa vie professionnelle la fonction de Président Directeur Général de la Centrale des Opticiens (CDO), un groupement de 1500 opticiens indépendants en France.
Il livre un témoignage particulièrement franc, sous forme d’entretien, publié le 27 mars 2008 sur le blog du Ps de Champigny. En voici quelques extraits :
« A 20 ans, j’éprouvais le désir de militer activement à gauche sans pour autant arriver à trouver un parti de gauche satisfaisant. Je voulais suivre Mendès-France mais celui-ci n’a pas voulu prendre la tête d’un parti de gauche. Je me suis alors engagé au sein du Club des Jacobins (58) fondé par Charles Hernu.
« L’événement majeur qui a déterminé mon engagement à gauche a tenu dans les événements de la Guerre d’Algérie à laquelle j’étais un farouche opposant. (…)
« J’ai entamé ma longue vie d’élu en 1971 en devenant conseiller municipal de Colombes. La gauche unie avait auparavant emporté la municipale de 1965 à la faveur d’une triangulaire. (…) J’étais alors chef de service d’un organisme public d’horticulture. (…)
« J’avais été très engagé dans le mouvement de mai 1968, ce qui m’avait mis en position délicate à l’égard de mon employeur de l’époque.
« Ensuite, quand je suis devenu chef de service chez Essilor, je peux réellement affirmer que mon employeur ne m’a pas fait payer cet engagement politique qu’il connaissait. (…)
« En 1983 je suis devenu maire adjoint de Colombes alors que j’étais toujours directeur et président de la société des cadres d’Essilor.
« Ayant de plus en plus de difficultés à gérer cette triple activité, j’ai donc préféré laisser la fonction de président de la holding. Ce fût un choix difficile et délicat à annoncer au président de ma société.
« En 1984 je suis arrivé à Champigny-sur-Marne et je suis devenu maire-adjoint de notre ville pour la première fois en 1989. (…)
« Je voulais assumer un mandat d’élu local pour changer la vie des gens, pour contribuer à transformer le réel. J’ai toujours éprouvé une intense satisfaction à suivre des dossiers « concrets ». (…)
« Il y a une certaine similitude entre le pragmatisme de la vie d’entreprise et celui requis par la gestion des affaires communales. La différence entre ces deux milieux tiendrait en une concrétisation moins rapide au niveau des dossiers communaux. (…)
« En terme de politique locale, j’éprouve une amertume à me souvenir du 1er tour des élections municipales de 1995 à Champigny-sur-Marne. La liste dirigée par les socialistes avait perdu le 1er tour de ces élections et nous nous sommes chamaillés entre socialistes pendant quelque temps. (…)
« La logique incontournable du militantisme est d’aboutir à une prise de responsabilités progressive au sein de la vie locale (au sein du conseil municipal ou en agissant pour les associations locales). (…)
« Faire de la politique locale c’est rencontrer des gens, résoudre leurs problèmes sans leur promettre n’importe quoi. L’honnêteté paie toujours de la même façon que l’on ne peut pas mentir éternellement sans être démasqué. (…)
« Sur l’aspect humain de la politique, j’affirme sans illusion que la franche camaraderie résiste mal à l’attraction irrésistible du pouvoir, quelle que soit l’importance de ce dernier.
Jean-Claude Emorine