Dans un texte intitulé « Opposition, oui, obstruction, non ! A Joinville, on n’a vraiment pas l’opposition qu’on mérite… » et publié sur son blog, le maire de Joinville-le-Pont, Olivier Dosne, mène une attaque au pas de charge contre tous ceux qui ont le front de ne pas accepter sa conception de ce que doit être le rôle d’une opposition.
Revenons sur les faits.
En octobre 2008, la majorité municipale propose de constituer un « comité consultatif environnement ». Il est alors proposé qu’une seule association joinvillaise en devienne membre (Joinville écologie, en l’occurrence). Lorsque ce projet est évoqué en commission municipale, je fais remarquer combien c’est réducteur. Je fais part de mon souhait d’appuyer la création d’une telle instance, à condition que des modifications soient apportées.
On me demande alors, par écrit, d’indiquer quelles sont, à Joinville, les « associations ayant une vocation générale en matière de défense de l’environnement ou contribuant à la défense de l’environnement. »
Ce que je fais dans un courrier du 28 octobre. Je suggère de demander aux onze associations qui ont déjà participé à des actions concernant l’environnement à Joinville-le-Pont si elles souhaitent participer audit comité. Je fournis même la liste précise : les amicales de locataires de la Confédération nationale du logement, l’association de défense du quartier des Canadiens, l’association des usagers du port de plaisance, le Comité de l’île Fanac, Joinvillage, Joinville Rive Droite et Tous ensemble à Égalité, l’Association pour la Sauvegarde de l’Environnement de Polangis et du quai de la Marne (ASEP), l’Association Palissy Petit Parc (A3P), Joinville écologie et l’association Européenne Eco-Environnementale.
Par courrier en date du 2 décembre 2008, le maire m’indique : « J’ai souhaité tenir compte des remarques constructives que le groupe Joinville en mouvement a bien voulu me communiquer. » Quelle n’est pas ma surprise, donc de constater, lors de la présentation du projet fin janvier 2009… que, bien au contraire, on a fait fi de mes propositions.
En commission le 26 janvier 2009, je demande que la position municipale soit revue, notamment parce que la plupart des associations proposées, qui pour plusieurs d’entre elles avaient fait acte de candidature, ne sont pas retenues dans la liste finale. On me répond que ces associations ne sont « ni compétentes, ni représentatives ».
Au cours du conseil municipal, je propose qu’on laisse s’exprimer les associations présentes qui avaient fait acte de candidature. Le maire refuse, et son adjoint, Patrice Gentric, explique que la sélection des membres est un « choix politique ». Seule, la majorité municipale vote la constitution d’un comité croupion, dans lequel aucune place ne sera donc faite à certains des acteurs les plus actifs dans les débats environnementaux de ces dernières années à Joinville.
Rappelons les : lors du débat sur l’aménagement au tronc commun des autoroutes A4 et A86, ce sont les militants de Joinvillage et de Joinville Rive Droite qui ont été, avec l’ASEP, les plus actifs pour défendre l’environnement de la commune.
Lors des actions et débat concernant le Plan de protection contre le risque d’inondation, à participer au comité le Comité de l’île Fanac a été en pointe.
L’aménagement des rives de Marne et du port a vu l’association des usagers du port de plaisance venir apporter ses points de vue et ses propositions.
Dans toutes les concertations avant les réhabilitations des immeubles de logements sociaux, qui ont de forts impacts sur la consommation d’énergie, les amicales de locataires et Tous ensemble à Égalité se sont trouvées être les seules associations actives.
Toutes ces associations ont participé aux débats autour du plan local d’urbanisme, parfois de manière très active, et plusieurs d’entre elles ont été très mobilisées sur les consultations concernant la création de la Zac des hauts de Joinville.
Ce sont toutes ces associations, qui regroupent des centaines de Joinvillais, dont le vice-président du comité consultatif environnement, l’ancien élu écologiste Michel Laval, a dit, lors de la première séance le 12 février, qu’elles n’avaient « pour la plupart, rien fait pour l’environnement. »
À la demande d’un maire adjoint, Patrice Gentric, j’avais pourtant répété le 9 février 2009 que j’étais prêt à travailler au sein du comité environnement à deux conditions : que l’on cesse d’humilier publiquement les associations joinvillaises, et que l’on fasse en sorte que ce comité soit vraiment consultatif. Comme on me l’a refusé, j’ai donc décidé de m’en retirer.
Mais revenons donc sur les arguments du maire dans son article.
Obstruction ? Nous n’empêchons pas ce pseudo-comité consultatif de fonctionner. Évidemment, il a perdu toute légitimité…
La taille du comité : c’est le seul argument avancé pour l’exclusion des associations. On ne saurait bien travailler si l’on est plus d’une dizaine. Cette ridicule plaisanterie n’explique évidemment pas pourquoi il fallait nécessairement qu’une seule association ait deux représentants (Joinville écologie).
La minorité ? Le maire dit que « par souci démocratique », il a souhaité « associer aux travaux du comité consultatif environnement ». Rappelons que les deux listes d’opposition au conseil municipal ont obtenu au total plus de 60% des voix. Curieuse conception donc de la majorité et de la minorité.
Il y a ensuite dans le texte du maire un curieux lapsus : « au cas où la majorité réussirait dans les missions et les objectifs qu’elle s’est donnés ? » La question se pose en effet, car pour l’instant la majorité, n’a rien fait si ce n’est détruire des services publics (centre d’hébergement d’urgence, service de prévention santé, service municipal de l’emploi).
Plus loin, le maire écrit bizarrement : « nous avons assisté hier soir, lors de la première séance du comité consultatif environnement à un débat d’un niveau affligeant et à des justifications politico-lamentables ». Le « nous » est d’autant plus étrange qu’Olivier Dosne (signataire de l’article) n’était pas présent lors de la séance du comité ; mais peut-être n’est-il pas le rédacteur de l’article en question.
Ensuite Dosne écrit : « ’ai noté avec intérêt le rapprochement évident » entre le Parti Socialiste et le MoDem. Est-il anormal que des formations démocratiques puissent se retrouver pour défendre une conception de la démocratie locale qui soit ouverte à tous ?
Au fond, Olivier Dosne veut une opposition qui ne s’oppose pas, qui ne propose rien, qui se tait et qui se contente d’être un faire valoir.
Effectivement, Joinville mérite mieux. Il est grand temps que la majorité municipale comprenne qu’il y a certes encore de la place pour un dialogue. Mais il faut pour cela abandonner ces méthodes autoritaires, arrogantes et méprisantes.