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Joinville-le-Pont au jour le jour

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La vie locale sur les bords de Marne


Histoire et épidémies : le choléra à Joinville et Saint-Maur

Publié par Benoit Willot sur 28 Mars 2020, 16:11pm

Catégories : #Histoire politique de Joinville, #santé

Joinville a été victime de plusieurs épidémies, avant de connaître en 2020 le confinement général lié au coronavirus COVID-19.

La plus meurtrière fut probablement celle de grippe espagnole, en 1918 et 1919, dont l’ampleur fut cependant difficile à mesurer, du fait de la forte mortalité déjà liée aux faits de guerre et aux privations.

Mais il y eut également, en 1832, une épidémie de choléra qui toucha l’agglomération parisienne. Elle fut notamment la cause du décès du président du conseil (premier ministre) Casimir Périer. La maladie frappa aussi les communes adjacentes. Pour Saint-Maur-des-Fossés et Joinville-le-Pont, elle est relatée par LP Chalut, chirurgien, aide-major de la Garde nationale de la banlieue, membre de la commission sanitaire de Saint-Maur, sans doute un des rares médecins présent sur le territoire des communes de Joinville et Saint-Maur.

À cette date, Joinville avait 535 habitants et Saint-Maur 825. Sur ce total de 1 360, 500 furent atteints de ce qu’il appelle la cholérine, à savoir des symptômes diarrhéiques, généralement non mortels sauf, relate-t-il, dans deux cas, soit 40% de la population.

Le choléra stricto sensu apparut sur le territoire avec un premier cas le 12 avril. Au total, 64 personnes furent atteintes, soit 4,7% de la population, dont 18 à Joinville et 46 à Saint-Maur. Il y eut 34 morts (9 à Joinville et 25 à Saint-Maur) et 30 guérisons. Les femmes furent plus atteintes que les hommes (42 contre 22) et eurent une mortalité plus forte (23 contre 11). Si les adultes constituèrent la majorité des malades (44 et 25 morts) les enfants ne furent pas épargnés (20 et 9 victimes).

La maladie était à l’époque mystérieuse et le docteur Chalut avoue que « les causes déterminantes du choléra sont tout à fait obscures ». Mais il comprend très vite que c’est une maladie sociale, liée aux conditions de vie. « Sauf trois ou quatre exceptions, le choléra sévit entièrement sur la classe ouvrière. »

Le médecin rend hommage aux maires des deux communes, Louis Barré à Saint-Maur et Laurent Nicolas Pinson, maire de Joinville, au pharmacien Lenoble, adjoint au maire de Saint-Maur et au père Mourdin, curé de Saint-Nicolas de Saint-Maur, la paroisse qui réunissait alors les deux communes.

S’agissant de Pinson, il assurait qu’il « a déployé beaucoup d’activité, de zèle et d’humanité dans l’établissement de l’ambulance de sa commune et dans les secours qu’il accordait aux malades qui, par leur position malheureuse, y avaient droit ». Rappelons que le terme ambulance désignait alors un poste médical provisoire et non un véhicule.

Enfin, Chalut saluait les « Lemaire père et fils, qui ont mis avec le plus grand empressement une maison entière à la disposition de l’autorité municipale de Joinville-le-Pont et où l’ambulance fut établie ». Mathurin Lemaire, commerçant, avait été maire de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (1814-1815), nom de la commune jusqu’en 1831. Son fils, Jean Émile Lemaire, épicier, était l’adjoint de Pinson dans la municipalité.

Les progrès de l’hygiène firent que le choléra cessa, à partir de la seconde moitié du 19e siècle, d’être la source de tant de morts. Une épidémie en juin 1849 fit plusieurs centaines de victimes, dont 2 hospitalisés à Joinville. Par contre, en 1865, le docteur Bitterlin, médecin des bureaux de bienfaisance de Saint-Maur et Joinville, relata « un cas de choléra parfaitement caractérisé, observé dans la commune de Saint-Maur, et qui a facilement cédé à l'emploi de moyens très simples. »

Joinville en 1859

 

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