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Joinville-le-Pont au jour le jour

Joinville-le-Pont au jour le jour

La vie locale sur les bords de Marne


Polémique à Joinville pour un communard amnistié

Publié par Benoit Willot sur 22 Avril 2011, 23:11pm

Catégories : #Histoire politique de Joinville

Alphonse Demeestère, naît le 5 août 1816. Bien que ses deux parents, Joseph Demeestère et de Marie Thérèse van Delplancke, aient des noms flamands, c’est à Paris qu’il voit le jour.

Il s’installe à Joinville-le-Pont, où il exploite un hôtel meublé dont il est propriétaire et qui est mentionné dans un annuaire de 1868, au 20, quai Beaubourg (actuel quai du Barrage). Il y a, à la fin du deuxième empire, huit établissements hôteliers à Joinville, dont celui tenu par Jullien, sur l’île Fanac.

Alphonse épouse Philiberte Jojot et tous deux vivent à proximité de leur hôtel, au 18, quai Beaubourg.

Après la guerre franco-prussienne de 1870 et la Commune de Paris de 1871, Alphonse Demeestère va s’engager dans l’action politique. Il est élu conseiller municipal pour la première fois en 1878 et siège jusqu’en 1881. Il sera ensuite constamment réélu en 1884, 1888 et 1892.

Ce sont les suites du mouvement insurrectionnel parisien qui vont l’amener à s’engager de manière plus forte. Et plus précisément, la situation d’un ancien communard, Adolphe Morandy (voir : Adolphe Morandy, communard Joinvillais, 24/05/2011).

Demeestère est ému que Morandy se trouve « sans ouvrage et dans un dénuement absolu ». Il a alors l'idée d'ouvrir une souscription en sa faveur et raconte son histoire dans le quotidien Le Petit Parisien (l’ancêtre de l’actuel Parisien). L’élu joinvillais fait circuler une liste puis raconte (17/09/1879) : « Un certain nombre de citoyens s'étaient déjà inscrits lorsque le commissaire de police de Joinville me fit appeler et me dit avoir reçu une lettre du maire lui ordonnant d'empêcher cette souscription, à laquelle il s'opposait formellement. Il ajouta qu’il serait forcé de sévir contre moi dans le cas où j’y donnerais suite. »

Le maire de l’époque était Gabriel Pinson (1835-1888), de 1878 à sa mort en 1888. Demeestère commente « le fait inouï d'un maire se disant républicain qui ne voulant rien faire pour les amnistiés, empêche ses administrés de venir au secours d'un malheureux en interdisant le seul moyen de lui venir en aide d'une manière efficace. »

Le journal, qui revendique avoir le plus fort tirage des journaux du monde entier, est bien de l’avis du conseiller municipal : « Quand même il en aurait le droit, ce que nous lui contestons d'ailleurs absolument, l'usage qu'il en fait serait véritablement scandaleux. Il suffit de dénoncer de pareils actes à l'opinion publique, pour que ce soit un commencement de châtiment mérité. Nous engageons donc notre correspondant à continuer sans hésiter son œuvre d'humanité, en évitant seulement de colporter ses listes dans des cafés ou lieux publics dont la police appartient au maire. Il va sans dire que nos colonnes sont ouvertes à ce dernier, dans le cas où il aurait à contester, ce que nous souhaitons pour lui, l'exactitude des faits dénoncés par notre correspondant. Le Petit Parisien s'inscrit pour 40 francs sur la liste de souscription ouverte par M Demeestère. »

Ce dernier ne renonce pas. Il fait la proposition de former un sous-comité de secours aux amnistiés de la Commune de Paris. Sa demande est repoussée vivement par le maire, son adjoint (le futur maire Eugène Voisin) et un grand nombre d’élus. Mais le comité est cependant créé avec composé Alfred Talandier, député de la Seine, réputé à l’extrême gauche du parlement et un autre conseiller municipal de Joinville, L. Vaudey.

Gabriel Pinson et ses collègues de la majorité municipale vont réagir, furieux d’être mis en cause publiquement dans plusieurs journaux ; outre Le Petit Parisien, il y a Le Réveil, Le Pays et Le Voltaire. Le conseil municipal de Joinville adopte, le 27 septembre 1879, une résolution où il « proteste de la façon la plus énergique contre l'inexactitude calculée des faits qui y sont rapportés, (…) loue M. le maire, dont les opinions républicaines ne peuvent être suspectées, pour sa bonne administration, l'énergie avec laquelle il sait, dans une juste mesure, faire respecter ses droits, et l'impartialité avec laquelle il dirige les travaux du conseil. Ils blâment sévèrement le citoyen Demeestère, auteur de la lettre, dont le but évident était de réclamer de la popularité au détriment de ses collègues. »

Le texte est imprimé sur une affiche, apposée sur les murs de Joinville. Il est signé d’une majorité du conseil (Blaize, Bigot. Buguet, Couppé, Deiber, Dessein, Jullien, Gobin, Marchais, Mouriez, Pitié et Voisin), mais l’un supposés signataires, Mouriez, envoie une lettre protestant contre l'abus de son nom. D'autres conseillers, Vaudey, Hessault. Diot, Legendre, Berné et Gobert, ont refusé d’approuver le texte.

Demeestère continue de dénoncer « un acte de non-humanité ». Le Petit Parisien s’insurge : « Nous demandons jusqu'à quel point le maire d'une commune peut se permettre d’afficher l'extrait d'une délibération du conseil municipal infligeant un blâme à l'un des membres de ce conseil. Où allons-nous? »

Demeestère poursuivra son engagement public, en participant au Congrès universel des libres penseurs, qui se réunit à Paris du 15 au 20 septembre 1889. Il est membre de la Fédération du canton de Charenton du mouvement des athées, La Libre Pensée, où siège un autre conseiller municipal de Joinville, Vaudémont. Lors du congrès, les militants affirment : « La libre-pensée a été, est et sera la véritable émancipation de l’humanité. Lorsqu’elle aura accompli son œuvre, « nous pourrons voir notre idéal se réaliser, c’est-à-dire voir : la paix internationale, la paix intérieure, l’outil à l’ouvrier, la terre au laboureur, enfin la fortune publique à tous, la Liberté, l’Egalité, la Fraternité ne plus être de vains mots, et la République être triomphante ».

Alphonse Demeestère meurt le 5 février 1894 à son domicile de Joinville-le-Pont. Il était âgé de 77 ans et siégeait toujours au conseil municipal.

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P
<br /> <br /> BON ARTICLE , INSTRUCTIF<br /> <br /> <br /> <br />
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